Appel à manifestations
Troisième édition du séminaire nomade de la SFE (2019 – 2020)
Initié en 2017-2018, le format du séminaire nomade veut d’une part promouvoir la diffusion des recherches en ethnomusicologie sur le territoire national, et d’autre part encourager la circulation des connaissances et des formats de restitution dépassant le cadre des manifestations académiques traditionnelles. Afin de garantir l’accessibilité des connaissances, les divers événements organisés (conférences, journées d’étude, tables-rondes) font l’objet d’une captation et sont mis en ligne sur le site internet de la Société Française d’Ethnomusicologie.
Qu’est-ce que tu écoutes ? (En)jeux de construction des catégories musicales
Le “séminaire nomade” 2019-2020 est pensé comme le pendant des JETU, consacrées cette année aux dialogues entre ethnomusicologie et popular music studies. En élargissant le questionnement sur les frontières disciplinaires à la classification des objets de recherche, il s’intéressera aux différentes manières de « nommer » la musique comme traditionnelle, savante, populaire, folklorique, contemporaine, classique… Il prendra en compte à la fois les opérations de labellisation initiées par les acteurs et celles que mobilisent les chercheurs pour le besoin de leurs enquêtes.
Les manifestations proposées pourront aborder les enjeux de la catégorisation musicale dans toute leur multiplicité (et les orientations suggérées ici n’ont rien d’exhaustif). Du point de vue des évolutions esthétiques, que se passe-t-il par exemple lorsqu’une musique liée à une conduite d’écoute particulière devient une « musique traditionnelle » sur une scène de concert ? Au niveau politique, dans quelles circonstances, par quels procédés rhétoriques et musicaux des catégories ethniques ou raciales sont-elles appliquées à des pratiques musicales (cf. entre autres Bohlman et Radano 2000, Stokes 1994, Slobin 1993) ? Ou encore quels rôles jouent les catégories musicales dans les processus de patrimonialisation qui instituent des musiques en emblèmes d’une population ou d’un territoire spécifique ? Comment les processus de patrimonialisation fixent-ils les dénominations et, à travers elles, influencent-ils les pratiques ? Comment replacer dans leur contexte d’apparition les différents « étiquetages » des répertoires au fil du temps (Gelbart 2007) ?
A travers ces questionnements et bien d’autres, le séminaire invite à observer les processus de catégorisation comme « actes de pensée » plutôt que les catégories comme « contenus » (Quéré 1995 : 12), afin de favoriser une réflexion collective autour des étiquettes employées par les acteurs et les chercheurs pour désigner les pratiques musicales dont ils parlent. Les différentes étapes pourront décrire les usages des catégories musicales en croisant analyse des production sonores, perspectives historiques, étude des enjeux politiques et des stratégies de valorisation économique, questions juridiques (Guillebaud, Mallet et Stoichita, 2010), anthropologie des institutions (Douglas 1986), enjeux de diffusion et de patrimonialisation (Campos 2011, Sandroni 2011)…
Les manifestations de ce séminaire se dérouleront entre octobre 2019 et juin 2020.
Nous appelons les membres de la Société Française d’Ethnomusicologie à nous soumettre des propositions d’événements (conférences, débats, journées d’étude, colloques) pouvant être intégrés dans le cadre de ce séminaire. La SFE pourra apporter une aide partielle à leur réalisation (sous forme de défraiements pour un à deux intervenants) à condition qu’ils soient co-financés et que les rencontres fassent l’objet d’une captation audio ou audio-visuelle. Les propositions devront comporter un court descriptif (une demie-page), un programme et un budget prévisionnel de l’action.
Date-limite : 6 septembre 2019 pour les événements du premier semestre et 24 septembre 2019 pour les événements qui se tiendront au deuxième semestre.
Envoi des propositions : sfe@ethnomusicologie.fr ET lucille@lisack.eu ET marta.amico@univ-rennes2.fr.
Bibliographie:
BOHLMAN Philip, 2000, « The Remembrance of Things Past : Music, Race, and the End of History in Modern Europe », in Bohlman et Radano (dir.), Music and the Racial Imagination, Chicago, University of Chicago Press.
CAMPOS Lucia, 2011, « Sauvegarder une pratique musicale ? Une ethnographie du samba de roda à la World Music Expo », Cahiers d’ethnomusicologie n°24, p. 143-155.
DOUGLAS Mary, [1986] 2004, Comment pensent les institutions, Paris, La Découverte.
GELBART Matthew, 2007, The Invention of “Folk Music” and “Art Music”. Emerging Categories from Ossian to Wagner, New York, Cambridge University Press.
GUILLEBAUD Christine, Julien MALLET et Victor STOICHITA (dir.), Gradhiva n°12, La musique n’a pas d‘auteur.
QUÉRÉ Louis, 1995, « La valeur opératoire des catégories », Cahiers de l’URMIS n°1, p. 6-21.
SANDRONI Carlos, 2011, “L’ethnomusicologue en médiateur du processus patrimonial. Le cas de la samba de roda”, BORTOLOTTO, Chiara (ed.), Le Patrimoine culturel immatériel. Enjeux d’une nouvelle catégorie. Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme.
SLOBIN Mark, 1993, Subcultural Sounds. Micromusics of the West, Middletown, Wesleyan University Press.
STOKES Martin (dir.), 1994, Ethnicity, Identity and Music. The musical construction of Place. Oxford, Berg.