Thèse – Orane Murail-Zimmermann « Malicorne et le folk revival français (1972-1981) : histoire, répertoires, arrangements. La tradition réinventée entre romantisme et uchronie ».

Chères toutes, chers tous,
Nous avons l’honneur et le plaisir d’annoncer la soutenance de thèse de doctorat de “Musique : recherche et pratique” (en partenariat entre l’université Jean Monnet de Saint-Etienne et le CNSMDL de Lyon) de :

Orane Murail-Zimmermann

« Malicorne et le folk revival français (1972-1981) : histoire, répertoires, arrangements. La tradition réinventée entre romantisme et uchronie ».

Elle se déroulera au CNSMDL le lundi 21 octobre en deux étapes publiques :
– 11h30 : Récital (salle Varèse)
– 14h30  : Soutenance de la thèse (Salle d’ensemble)

Devant le jury composé de :

Béatrice RAMAUT-CHEVASSUS, Professeure émérite, Université Jean Monnet, Saint-Etienne, directrice de thèse

Anne DAMON-GUILLOT, Professeure, Université Jean Monnet, Saint-Etienne, co-directrice de thèse

John STULZ, Professeur référent, CNSMDL de Lyon

Cécile PRÉVOST-THOMAS, Maîtresse de conférences HDR, Université Sorbonne Nouvelle/CERLIS, rapporteure

Olivier TOURNY, Directeur de recherche, CNRS/IDEAS Aix-Marseille-Université, rapporteur

Talia BACHIR-LOOPUYT, Maîtresse de conférences, Université de Tours/ICD, examinatrice

Denis LABORDE, Directeur de recherche, CNRS/EHESS, examinateur

Résumé

La musique folk de Malicorne s’appuie sur une longue histoire dans laquelle la tradition orale, passée au tamis de la relecture savante des collecteurs des XIXe et XXe siècles, se mêle à la propre mémoire musicale de chacun des protagonistes du groupe. Jeunes urbains déracinés de la culture populaire paysanne, les membres de Malicorne réinventent la musique traditionnelle en la frottant à d’autres sonorités qui leur sont davantage familières, pour créer un son unique et moderne, le son de Malicorne. Dans une démarche anticipatrice qui passe par le studio et l’électrification, le groupe imagine un futur à des musiques traditionnelles dont la pratique est en perte de vitesse.
Marquée par les événements de son contemporain, la génération folk rêve d’une contre-culture qui s’oppose à la belligérance étasunienne au Viet-Nâm et à la culture de masse ou « musique industrielle » selon les termes d’Adorno. Ces musiciens créent alors un réseau d’apprentissage et une scène alternative qui ancrent la pratique des musiques traditionnelles dans l’actualité. Influencé par d’autres mouvements contre-culturels nés dans la même période mais aussi par les relectures conservatrices scouts et folkloristes des musiques traditionnelles, ce « moment folk » (François Gasnault) est marqué par une effervescence, nourrie d’espoir, de dettes plus ou moins assumées et de créativité.
Quelle trace laissent les collecteurs du passé dans les projets des groupes folk et comment ces derniers tentent-ils de créer une nouvelle relation avec des musiques souvent rurales, passées ou présentes ? Il est temps de replacer Malicorne dans une géographie (utopie) et une histoire (uchronie) musicales ; géographie par l’emprunt à différents courants musicaux venus des États-Unis et d’ailleurs (instruments exogènes, caractéristiques stylistiques…) ; histoire par les filiations qui ont donné son identité au groupe et lui ont permis de rayonner jusqu’à l’époque actuelle. Dans une démarche qui relève à la fois de l’héritage romantique et de l’utopie des années 1970, Malicorne rêve un passé, un présent et un futur à ces musiques, modelant ainsi l’uchronie malicornienne.

Société française d'ethnomusicologie