Soutenance de thèse de Salomé Strauch intitulée “Systématique, évolution culturelle et ethnomusicologie : étude interdisciplinaire des harpes africaines ». Elle se déroulera le mardi 19 décembre 2023 à 14h dans l’Auditorium Jean Rouch au Musée de l’Homme (17 place du Trocadéro, Paris) devant un jury composé de :
Sylvie Le Bomin, Professeure, Sorbonne Université – Directrice
Hervé Lacombe, Professeur, l’Université Rennes 2 – Rapporteur
Gabriele Rossi-Rognoni, Professeur, Royal College of Music – Rapporteur
Régine Vignes-Lebbe, Professeure, Sorbonne Université – Examinatrice
Olivier Morin, Chargé de Recherche, Institut Jean Nicod – Examinateur
Jérémie Bardin, Ingénieur d’études, Sorbonne Université – Examinateur
Frank Alvarez-Pereyre, Directeur de recherche émérite, CNRS – Membre invité
Jean-Loïc Le Carrou, Maître de conférences, Sorbonne Université – Membre Invité
Un lien Zoom sera transmis dans les prochains jours pour assister à la soutenance par visioconférence.
La soutenance sera suivie d’un pot au Musée de l’Homme.
Le 19 décembre étant un jour de fermeture du Musée, l’accès à l’Auditorium est limité : merci de me prévenir par retour de mail si vous souhaitez assister à la soutenance en présentiel afin que je prévienne le service de sécurité. L’accès au Musée se fera par le PC sécurité.
En espérant vous y voir nombreuses et nombreux,
Résumé :
La harpe est un instrument à cordes joué aujourd’hui sur plusieurs continents, dont l’Afrique ; c’est sur ce continent qu’elle présente la plus grande diversité (qu’elle soit morphologique, contextuelle et fonctionnelle, mais aussi vis-à-vis du vocabulaire vernaculaire qui lui est associé). Pourtant, l’histoire de la harpe en Afrique est mal connue et sa diversité mal caractérisée : cette thèse s’inscrit dans une démarche interdisciplinaire pour décrire cet instrument de musique dans son intégralité. Pour cela, une méthodologie de description exhaustive, standardisée et objective a été élaborée : elle permet de décrire sa morphologie et ses contextes d’utilisation, mais aussi de recueillir le vocabulaire vernaculaire associé et des données ethnographiques de différentes natures. Cette méthodologie explicite 489 paramètres de description, dont 223 pour la morphologie, et a été utilisée sur un corpus de 700 harpes. Celles-ci ont été initialement décrites entre 2016 et 2023, dans 19 musées européens et africains, mais aussi sur le terrain (Gabon, Cameroun et Ouganda). Le jeu de données ainsi constitué est le plus conséquent à ce jour et permet une caractérisation quantitative et objective des harpes africaines. Une analyse cladistique a ensuite été menée sur une matrice contenant 318 harpes et 121 caractères, afin d’étudier l’évolution de la morphologie des harpes africaines et de mieux comprendre comment leurs innovations sont transmises. L’analyse a mis au jour trois clades principaux dont la répartition géographique correspond aux descriptions de la littérature, et majoritairement représentés par les harpes du Gabon, de la République Démocratique du Congo et de l’Ouganda. Le split-network produit, ainsi que l’analyse cladistique et les indices associés, ont montré que l’évolution morphologique des harpes africaines n’est pas entièrement tree-like, révélant une part non négligeable d’homoplasie et d’innovations transmises horizontalement. Enfin, ce travail explore la pratique de l’interdisciplinarité : (1) en questionnant la façon dont les concepts peuvent être mobilisés dans un contexte interdisciplinaire, en se focalisant notamment sur ceux de ‘paramètre’ et de ‘caractère’ utilisés dans le cadre de cette thèse ; (2) en discutant des problématiques posées par l’importation de la cladistique, issue de la systématique, et son application en anthropologie sur du matériel culturel.