Soutenance de thèse de Raphaël Blanchier

Raphaël Blanchier soutiendra sa thèse intitulée « Les danses mongoles en héritage : performance et transmission du bii biêlgee et de la danse mongole scénique en Mongolie contemporaine« , dirigée par M. Houseman et co-encadrée par C. Stépanoff, le 22 juin 2018 à 14h, en salle 01, Maison des Sciences de l’Homme, 54 Bd Raspail, 75006 Paris. Elle sera suivie d’un pot en salle 09.

Les membres du jury sont : M. Houseman (DE, EPHE, directeur), C. Stépanoff (MCF, EPHE, co-encadrant), C. Humphrey (Pr., University of Cambridge, rapporteur), G. Wierre-Gore (PU, Université Clermont-Auvergne, rapporteur), J. Legrand (PU, INALCO), G. Lacaze (PU, Sorbonne université), C. Guillebaud (CC, CNRS)
Résumé
 
Au croisement de l’anthropologie sociale et des arts du spectacle, cette thèse est consacrée à la transmission dans les danses mongoles en Mongolie contemporaine. En abordant l’étude de la performance dansée sous l’angle de la transmission, l’objectif principal de ce travail est de comprendre le rôle des danses dans l’engendrement d’un sentiment d’appartenance national. D’une part le bii biêlgee, danse des Oirad (Mongols de l’ouest), inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO, est intimement associé, par ses évocations mimées, au mode de vie pastoral nomade. D’autre part, la « danse mongole scénique », qui en constitue la version professionnelle, donne à ces représentations stéréotypées une légitimité nationale et internationale. Mon analyse des gestes dansés, des institutions, des pratiques de transmission et de performance montre que l’efficacité des danses mongoles repose moins sur les représentations qu’elles véhiculent que sur les conditions relationnelles qu’elles mettent en place. Les apprentissages que j’ai observés, et auxquels j’ai pu participer, visent moins la formation physique des danseurs que la légitimation graduelle de ceux qui font montre d’un talent remarquable à se produire en public. Capable, par son art de la performance, de susciter des modalités de participation spécifiques chez les spectateurs, le danseur apparaît alors comme un spécialiste quasirituel. Délégué du groupe dont il est l’émanation légitime, il déploie ainsi dans le même acte performatif la mise en danse de la culture mongole et la légitimation de celle-ci comme un des fondements de la « mongolité ». 
Mots Clés ​: Danse, transmission, performance, nation, patrimoine, Mongolie

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Abstract ​
 
Drawing on both social anthropology and performing arts, this thesis deals with the transmission of Mongolian dances in contemporary Mongolia. By studying danced performance from the perspective of transmission, the main purpose of this work is to understand the role dance plays in building up feelings of national belonging. On the one hand, biy biyelgee, the traditional dance of the Oirats (Western Mongols), included on the UNESCO List of Intangible Cultural Heritage, is closely linked to the nomadic pastoral lifestyle by virtue of the mimed gestures it incorporates. On the other hand, what may be called ‘scenic Mongolian dance’, the professionalized version of biy biyelgee, confers national and international legitimacy on these stereotyped representations. My study of danced movements, the institutions and practices underlying the transmission and performance of Mongolian dances shows that their efficacy stems less from the representations they convey than from the relational conditions they establish. The dance trainings I was able to observe, and sometimes take part in, are oriented less towards the learning of bodily techniques than towards the gradual legitimization of those who exhibit an outstanding talent for performing in public. The dancer, on the strength of his performative abilities, is thus able to elicit specific modes of participation from the audience, making him/her into a quasi-ritual specialist. As the legitimate emanation of the group which he/she publicly represents, the dancer, in the same performative act, both embodies Mongolian culture through dance and establishes it as a constitutive element of “Mongolness”.  ​
Keywords : Dance, transmission, performance, nation, heritage, Mongolia

Société française d'ethnomusicologie