« Pratiques actuelles des musiques anciennes : quand des musiciens jouant avec le passé (et le présent) enjoignent à une musicologie ancrée dans le terrain (et l’histoire) »
Interprétations accomplissant une certaine authenticité historique, ou réinterprétations pieds et poings liées à leur époque ? L’idée d’une “musique historiquement informée” a sorti le mouvement de renouveau des musiques anciennes d’une mauvaise passe, permettant à ses musiciens de prendre leurs distances avec le concept d’authenticité et ses apories flagrantes… sans les empêcher (ô combien !) de continuer de plus belle avec des prétentions à l’égard du passé, aussi ancrées dans le présent soient-elles.
Musicologie, ou ethnomusicologie ? L’idée d’une “musicologie de terrain” m’a sorti d’une mauvaise passe, me permettant de prendre mes distances avec des héritages et usages disciplinaires auxquels j’ai toujours eu du mal à m’identifier… sans m’empêcher (ô combien !) de continuer de plus belle avec des prétentions anthropologiques, aussi ancrées soient-elles dans une musicologie qui se débat avec les traces du passé.
Nourrie des recherches qui m’occupent depuis 2012 sur les pratiques actuelles des musiques anciennes de tradition savante européenne, en particulier de ma thèse qui a porté sur un ensemble spécialisé dans les musiques du 16e siècle, mon intervention mettra au jour les parentés entre deux perspectives (celle d’un chercheur et celle de musiciens) qui doivent beaucoup au fait que leurs directions initiales (respectivement ethnographique et “authenticiste”), confrontées à leurs pendants (l’édifice historique d’une part, l’ancrage dans le présent d’autre part), ont eu à négocier une position intermédiaire.
“Lâche” (dans les deux sens du terme), cette position semble conditionner un nouveau “jeu” (dans les deux sens du terme), ici musical, là (ethno)musicologique.