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Documents accompagnant l’ouvrage d’Aurélie Helmlinger, Pan Jumbie. Mémoire sociale et musicale dans les steelbands, Société d’ethnologie, collection « Hommes et musiques », sous l’égide de la SFE, 2012.
Le pan jumbie, c’est tout autant un passionné de pan que l’esprit de cet idiophone mélodique issu de la récupération de bidons de pétrole. Emblématique des steelbands, orchestres de métallophones atteignant une centaine de musiciens à la saison du carnaval, le pan a été proclamé « instrument national » de Trinidad et Tobago, son pays d’origine. La métaphore de possession par une figure inquiétante de l’imaginaire — le jumbie — permet d’aborder la place ambiguë de ces orchestres dans la société, dans ses dimensions historique, politique et musicale. Expression d’une douloureuse mémoire sociale, celle de l’esclavage, elle conduit l’auteur à analyser l’excellente mémoire musicale observée dans ces groupes, malgré les nombreuses contraintes d’apprentissage.
Une exploration pluridisciplinaire de la cognition du musicien met ainsi en valeur différents facteurs intervenant dans le processus de mémorisation : la combinaison du paramètre auditif à une très importante dimension visuelle, facilitant l’accès aux images mentales, la conservation implicite et motrice du schéma des intervalles musicaux, la faveur du jeu collectif. Ce dernier a été analysé par un protocole expérimental inspiré de la psychologie cognitive.
Dotés d’un instrument aux puissants avantages mnésiques, portés par le groupe qui, tel un pan jumbie, transcende l’individu, les musiciens de steelband rivalisent de virtuosité à travers un répertoire bouillonnant d’énergie, en pleine conquête planétaire.