Document accompagnant l’article de Tommaso Montagnani, « Tainpane et kussügü. Le solennel et la parodie dans les musiques rituelles des Kuikuro du Haut-Xingu (Brésil) ». Cahiers d’ethnomusicologie. Vol. 26, 2013, p. 175‑192.
Résumé. Chez les Kuikuro du Haut-Xingu il existe un rituel de flûte masculine (kagutu) et un rituel de chants féminins (tolo) connectés par un ensemble de motifs mélodiques communs. En plein milieu du rituel masculin (très solennel et dangereux), les hommes jouent à la flûte des musiques qui suscitent l’hilarité générale : ces musiques sont « l’imitation » des femmes en train de chanter les chants tolo. De leur côté les femmes possèdent un répertoire parallèle dont les pièces sont nommées en référence aux pièces les plus dangereuses de la musique de flûte masculine, mais précédées par « petit » ; la petite Timüno, la petite Tüheutenhü. Il n’existe aucune relation mélodique entre les « petites » et les musiques de flûtes dont elles partagent les noms : il ne s’agit que d’une sorte de blague ou, comme disent les Kuikuro, de « versions pour rigoler ».
Il est donc évident qu’on assiste à une parodie dans les deux sens, les hommes imitent les femmes et les femmes imitent les hommes. Cette parodie s’inscrit comme une anomalie dans un système musical dans lequel les relations entre genres sont continuellement représentées et reproduites sous forme d’analogies et de variations mélodiques : dans le cas spécifique de ces parodies ce n’est pas l’analogie mélodique qui établit la relation, mais l’ironie.
Bande annonce du film As Hyper Mulheres (The Hyperwoman – Itão Kuegü)
Bande annonce du film As Hyper Mulheres (The Hyperwoman – Itão Kuegü) de Carlos Fauso, Leonardo Sette et Takuma Kuikuro, dans lequel apparaissent les thèmes de l’article (chants féminins, ironie, relations de genre).