Les 23-25 mai 2014, Cité de la Musique, Paris
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L’ethnomusicologie appliquée est une ethnomusicologie qui se veut impliquée, engagée dans une forme ou une autre de valorisation ou de coopération, voire d’engagement politique. Elle peut être tournée vers la conservation d’anciennes formes, de répertoires menacés, vers l’aide à la formation disciplinaire et à la mise en archives, ou vers le développement de moyens, de débouchés et de stratégies de communication inédits pour les musiques qu’elle investit et leurs interprètes. Ce travail peut bien sûr passer par la publication d’écrits et de documents audio ou audiovisuels, mais aussi par l’organisation de concerts, de festivals, de « résidences » ou de stages de pratique musicale. Il peut aussi s’exercer sur le terrain, intégré par exemple à des projets de développement économique ou de tourisme culturel.
Il est entendu que de telles initiatives soumettent la musique à différents processus de reformatage correspondant à ses nouveaux cadres de production. Il ne s’agit pas de voiler ces paramètres, mais au contraire de les faire connaître en tant que tels, voire de les revendiquer, en assumant leurs éventuelles conséquences sur le rôle et l’esthétique des pratiques musicales. De telles actions peuvent être menées essentiellement selon trois axes :
– sur le terrain, dans les sociétés d’origine de ces musiques, auquel cas elle suppose un dialogue soutenu dans leur mise en œuvre avec divers acteurs et organismes locaux ;
– parmi les populations migrantes, pour autant qu’elles le souhaitent ;
– vers le monde extérieur, à travers un travail de transmission des savoirs et des savoir-faire, de diffusion et de médiation culturelle visant à faire connaître ces musiques hors de leurs frontières culturelles ordinaires.
L’ethnomusicologie est aujourd’hui amenée à considérer tous les paramètres de la musique en tant que fait humain, tous ses aspects. Pour faire face aux enjeux du XXIe siècle, les ethnomusicologues ne doivent pas seulement investir de nouveaux territoires et développer des axes de recherche inédits ; il leur faut aussi de toute urgence repenser le rôle de leur discipline dans la société, prendre position et explorer de nouvelles stratégies de communication dans des perspectives inédites.
Trop peu abordé, le thème de l’ethnomusicologie appliquée mérite d’être questionné et discuté au sein de la communauté scientifique. Si pour certains, ce terme semble faire consensus, pour d’autres, il mérite d’être repensé, ou du moins renommé, afin de mieux désigner et caractériser cette discipline active et « multidimensionnelle ». Ce terme couvre-t-il par ailleurs les nombreux champs d’action et d’échange auxquels il invite ? L’ethnomusicologie se définit en effet d’abord comme une connaissance et une « parole sur… », développées dans un cadre académique. Toute action « pour » les musiques du monde relève-t-elle encore de l’ethnomusicologie ?
Tel sera le thème des prochaines Journées d’étude de la SFE, auxquelles nous vous invitons à participer en nous envoyant vos propositions.
Comité scientifique : Laurent Aubert, Monique Desroches, Luciana Penna-Diaw