Communiqué de presse « La SFE en péril »

Voici le texte du communiqué de presse transmis le 22 octobre à une soixantaine de journalistes. Merci à B. Lortat-Jacob pour ses propositions, et à P. Bois pour les contacts.

Chers et chères collègues, professionnels(les) et amis(es) de la musique,

Au titre de Vice-Présidente de la Société Française d’Ethnomusicologie [SFE] depuis 2007, je me permets de vous écrire pour vous informer de très mauvaises nouvelles concernant cette Société.

La SFE est une société savante qui regroupe tous les chercheurs francophones en ethnomusicologie, jeunes et moins jeunes, qui peuvent à leur niveau témoigner de la richesse des expressions musicales du monde. La SFE abrite de très riches compétences, sur des pratiques musicales des cinq continents. Elle a une vie propre et surtout de nombreuses activités (voir page suivante). Elle promeut et anime des réflexions fondamentales sur « le fait musical » dans sa dimension anthropologique.

Avec le temps, la SFE est devenue assez importante. Elle regroupe pas moins de 180 chercheurs, parfois hors-statuts ou post-doc’. En tant qu’association 1901, elle est collégialement dirigée par une équipe (alias Conseil d’Administration) très motivée. De fait, les cadres ont été rajeunis et, après ceux qui l’avaient créée et qui « étaient montés au créneau » durant les années 80 – Gilbert Rouget, Simha Arom, Bernard Lortat-Jacob, Mireille Helffer, Hugo Zemp, entre autres – ce sont désormais surtout de jeunes chercheurs qui l’animent et s’efforcent de lui donner un nouveau souffle.

Jusque là, rien d’anormal. L’alternance des générations a fonctionné comme il le faut.

Cette société était aidée jusqu’à cette année, par une modeste subvention du Ministère de la culture. Cette subvention – 20 000 euros, ce qui n’est pas énorme compte tenu de la pluralité et de la richesse des initiatives – est passée subitement à 10 000 euros en 2013. Et l’annonce est désormais faite : elle passera à ZéRO euros en 2014. Voyez notre désarroi !

Le paradoxe, qui rend les choses encore plus insupportables à nos yeux, est que jamais la SFE (qui, de fait a vu ses aides de l’Etat se réduire d’année en année et qui a toujours travaillé a obtenir des ressources propres) n’a été aussi active, réactive et bien organisée.

Bien entendu, nous sommes en contact avec les deux personnes les plus hauts placés à la Direction de la Musique, ainsi qu’avec celle qui s’occupe techniquement de la gestion des subventions, mais les discussions sont sans issues et nos démarches semblent totalement insuffisantes. Nous avons donc besoin de votre aide pour faire pression sur nos institutions de tutelle. Car, pour nous, il s’agit de dénoncer publiquement la mise à mal de la SFE. Il y a là visiblement une mauvaise politique.

J’espère que vous serez sensible à notre démarche, et sommes bien entendu prêtes à discuter avec vous d’une action complémentaire à conduire qui saurait nous sortir de cette impasse.

Je vous remercie très vivement pour l’accueil que vous saurez faire à notre requête et nous nous tenons, bien entendu, à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.

Très cordialement,

Madeleine Leclair, vice-présidente (madeleine.leclair@ville-ge.ch)

Susanne Fürniss, présidente (furniss@mnhn.fr)

Résumé des principales activités de la SFE

– Aide aux jeunes chercheurs – octroi annuel après étude des dossiers – de 6 bourses ou aides ponctuelles pour des recherches sur le terrain ou la diffusion de leurs travaux (publication d’ouvrage, réalisation multimédia, films, etc.);

– Organisation de Journées d’Etudes annuelles et bi-annuelles, portant sur des thèmes choisis collégialement (depuis 2007 : « Esthétique », « Ethnographie du copyright », « Musique et danse », « Ethnomusicologie, patrimoine et collaborations Nord/Sud », « Humour et musique », « Analyser la musique »). Ces Journées d’études constituent une indispensable plateforme de contact et d’échange. Très suivies, elles rassemblent en moyenne de 60 à 80 membres et sont organisées le plus souvent en région.

– En partenariat avec les Ateliers d’ethnomusicologie de Genève : contribution aux Cahiers d’ethnomusicologie, la seule revue du domaine entièrement francophone – un numéro par an : 26 numéros parus, chaque fois sur un thème spécifique.

– En partenariat avec la Société d’Ethnologie : collection de livres « Hommes et Musiques » de haut standard scientifique et éditorial – six livres parus à ce jour, accompagnés d’un support audio-visuel.

– En collaboration avec le Bilan du film ethnographique crée par Jean Rouch au Musée de l’Homme en 1982 : participation au Festival International du Cinéma Ethnographique Jean Rouch. La participation de la SFE à ce festival est double. D’une part, la SFE délègue l’un de ses membres pour participer au jury, et d’autre part, elle décerne chaque année le Prix Bartók à un cinéaste qui porte un regard sensible, et souvent original, sur l’univers d’une tradition musicale.

Or précisément, cette année, en collaboration avec la société La Huit Productions, elle a entrepris de publier sous forme d’édition critique [en coffret DVD] les 20 films primés durant les 20 années précédentes. Ce projet ambitieux a été porté à son terme; il est désormais à peu près financé et devrait aboutir à publication à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine.

– Sur le plan international, depuis plus de dix ans, la SFE fait office de Comité national pour l’organisation ethnomusicologique mondiale, ICTM (International Council for Traditional Music). Elle a obtenu en 2010 l’accréditation comme consultant non-gouvernemental auprès du Comité du PCI de l’UNESCO. 

– Toutes les activités et actualités de la SFE figurent sur son site collaboratif (http://www.ethnomusicologie.fr)

– Siège de la SFE : Musée du Quai Branly

Société française d'ethnomusicologie