Colloque Internatioanl : La Musette, un instrument de cour, un instrument tout court

 1 COLLOQUE INTERNATIONAL : LA MUSETTE, UN INSTRUMENT DE COUR,
UN INSTRUMENT TOUT COURT

Jean-Christophe Maillard, musicien,
musicologue et enseignant passionné

La première fois que Jean-Christophe m’a parlé de « musette »
c’était aux rencontres internationales des jeunes à Bayreuth où nous
nous sommes connus. Comme d’autres personnes présentes, nous
pensions au bal musette ! Je n’imaginais pas que j’allais assister à
cette belle aventure de la renaissance d’un instrument qui m’était
pourtant familier car contemplé dans les tableaux de Watteau.
Jean-Christophe a parcouru les musées, a compulsé les traités,
recherché de la musique pour cet instrument sans relâche durant une
quarantaine d’année. Son partenariat avec des restaurateurs et facteurs des instruments de la
famille des cornemuses a abouti à la sauvegarde du patrimoine  et au renouveau de la facture, tant
pour les musettes que pour leurs soufflets. Il a fait résonner la Musette de Cour dans le monde entier.
Le premier concert de musique « ouin-ouin » avec de la Musette de Cour (c’est ainsi que l’on
parlait alors de la Musique Baroque) a eu lieu au musée des ATP à Paris avec William Christie
au clavecin au début des années 80.
La suite vous la connaissez : concerts, opéras, publications, enregistrements. Je ne saurais
passer sous silence l’exceptionnel enseignant qu’il était. Nombreux sont ses élèves qui, dans leur
carrière de professeur ou d’instrumentiste, témoignent de la qualité de ce qu’ils ont reçu.
Nous l’accompagnions souvent les enfants et moi-même dans ses tournées. C’est ainsi
que j’ai rencontré plusieurs d’entre-vous !
La double formation de Jean-Christophe classique et populaire lui a permis de jouer et de
comprendre parfaitement l’esprit de cet instrument. Cette dualité a été souvent mal comprise.
La diversité des intervenants présents aujourd’hui ne fait qu’accentuer cette double et
nécessaire appartenance. Je m’en réjouis. Ce colloque s’inscrit dans la droite ligne de celui de
Toulouse en 2012.
Des compositeurs contemporains vont prochainement écrire pour la musette. Cela sera
certainement une grande joie pour Jean-Christophe qui, faute de temps, n’a pas pu le faire.
Retenue par mes activités professionnelles, je ne serai pas parmi vous. Je vous souhaite de
belles et fructueuses journées de travail autour de la « tendre musette ».
Marie-Christine Fauré Maillard

1980,  La Musette : étude historique, organologique et iconographique, mémoire de maîtrise de musicologie ,
Université Paris-Sorbonne.
1987,  L’esprit pastoral et populaire dans la musique française baroque pour instruments à vent
(1660-1760) , thèse de 3 e  cycle, Université Paris-Sorbonne, sous la direction de Edith Weber.

La musette, petite cornemuse savante utilisée dans la musique de la Cour de France, entre la
Renaissance tardive, et la fin de l’époque baroque, vers le milieu du XVIII e siècle, a bénéficié
par ailleurs d’un engouement extraordinaire de la haute société dans le cadre d’une pratique
amateur.
La musette, cornemuse utilisée abondamment dans la musique de la cour de France, entre la
Renaissance tardive et la fin de la l’époque baroque, a suscité un engouement extraordinaire,
touchant une société aristocratique avide de musiques pastorales, qui la pratiquait volontiers,
souvent en compagnie de la vielle. Débuté à la fin du XVII e siècle, ce phénomène, touchant jusqu’à
la famille royale, a connu son apogée entre les années 1720 et 1760 et a conduit les compositeurs
français, tels Boismortier, Corrette ou les frères Chédeville (pour ne citer que les plus prolifiques),
à éditer un volume de musique de chambre impressionnant, comprenant près de 200 livrets
de partitions, plaçant ainsi la musette juste derrière le violon et la flûte traversière. S’est diffusé
alors, au cours de la première moitié du XVIII e siècle, un répertoire riche et varié, allant de
« petits airs » (danses, vaudevilles, brunettes, etc.) à des sonates et concertos nécessitant une réelle
virtuosité, sur cet instrument dont la facture instrumentale n’a cessé de se complexifier. Des
parties de musettes sont également présentes en nombre dans des opéras, de Lully à Rameau…
La musette s’est éteinte, emportée par la fin du style musical baroque, dans les années 1760.
Si elle a subsisté en représentation dans les arts décoratifs jusqu’à la fin du XIX e siècle, sa
pratique musicale a totalement cessé, pour ne renaître que bien longtemps après, au tout début
des années 1980, à la faveur du regain d’intérêt pour la musique ancienne de cette période.
Depuis, sa pratique n’a cessé de croître, l’instrument est aujourd’hui enseigné dans certains
conservatoires (Toulouse puis Versailles en France, Louvain en Belgique…) disposant d’un
département de musique ancienne.
Ce colloque a donc pour objet de mieux faire connaître et de valoriser davantage la musette
dans tous ses aspects. Il s’adresse aux spécialistes, comme aux simples mélomanes et à toute
personne intéressée. Il propose des événements de différentes natures qui associent chercheurs,
fabricants, praticiens et amateurs éclairés. Sa localisation en Normandie apparaît comme une
évidence du fait des liens étroits que la région et le monde de la musette entretiennent depuis
toujours. Outre le fait que Michel Corrette (1707-1795), qui a beaucoup composé pour la musette
soit natif de Rouen, le « noyau dur » de la facture de la musette aux XVII e et XVIII e siècles, avec
les deux familles Hotteterre et Chédeville, est localisé dans le secteur de La Couture-Boussey
dans l’Eure. Si certains membres de ces deux grandes dynasties de facteurs se sont installés dans
la capitale pour se rapprocher de leur clientèle de la cour de Versailles, ils ont toujours conservé
des liens importants avec leur lieu d’origine. Ils ont cumulé, à Paris, leur activité de facteur
d’instruments, avec celles de maître de musette et de musicien du roi.
Enfin, la grande faveur dont a bénéficié la musette de cour à son époque participe de la
naissance et de l’évolution de nombre de genres artistiques susceptibles d’intéresser toutes
celles et ceux qui ont une appentence pour l’histoire, la musicologie, l’histoire de l’art et à la
littérature : Ancien Régime, organologie, pratique et répertoire, Iconographie, naissance et
évolution de la Pastorale, théâtre parlé et théâtre lyrique, etc.
N.B. : Tous les intervenants ne sont pas uniquement chercheurs mais aussi facteurs et interprètes :
en effet, la complexité de cet instrument et ce que l’on en ignore encore à l’heure actuelle font que toute
personne qui s’intéresse à la musette de cour d’une manière ou d’une autre est amenée à effectuer des
recherches dans les documents d’archives. Certaines communications sont d’une durée plus importante
du fait qu’elles comportent une prestation musicale. Ce colloque vise en effet à allier de la manière la plus
heureuse possible, la recherche universitaire, la facture instrumentale et la musique : De ce point de vue,
la présence permanente d’une exposition de luthiers et de facteurs sur le lieu de l’événement, les mini-
concerts du midi, le concert du mardi soir et le bal de clôture, tous indissociables du colloque, s’inscrivent
naturellement dans cet objectif.

PROGRAMME PRÉVISIONNEL

INVITÉ D’HONNEUR : REMY DUBOIS

LUNDI 27 MAI 2019, 9h00-9h15 : ACCUEIL

9h15 : Introduction par J.Y Rauline, CeRédI, Université de Rouen.

9h30-11h :  De la redécouverte d’un instrument au renouveau ; Des travaux de Jean-Christophe MAILLARD à l’instrument d’aujourd’hui.
Pas d’instrumentiste sans facteur (et vice versa) :
« Remy DUBOIS (Verviers, facteur de musettes) : L’expérience d’une vie d’artisan chercheur ».

11h00, Pause : Café / Thé / Douceurs…

    A)    Axe 1, Organologie et Iconographie
(Modérateur Vincent Robin, Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE))

11h 15-11h45 :  Remy DUBOIS
La dernière trouvaille autour des bourdons tous jeux.
11h 45-12h15 :  Florence GÉTREAU (CNRS. Institut de Recherche en Musicologie, Paris)
Cent-vingt ans de travaux sur la musette : Historiographie, résultats, perspectives.

12h30-13h00, Mini-Concert :
Présentation de la classe de Musette de François LAZAREVITCH (CRR de Versailles).

13h00 Déjeuner

Axe 1, Organologie et Iconographie (fin)
(Modératrice Florence Gétreau, CNRS. Institut de Recherche en Musicologie, Paris)

14h30-15h15 : Éric MONTBEL (Université Aix-Marseille) & Marco TOMASSI (Cassino, Facteur de sourdelines)
La Sourdeline de Settala : itinéraire et sources d’une reconstitution.
15h15 -15h45 : Jean-Yves RAULINE (CeRédI, Université de Rouen)
Trois siècles de musette « polyphonique » : Sourdeline, Uillean Pipe, Musettes de Béchonnet.
15h45 -16h15 : Pauline RANDONNEIX (École du Louvre, Paris)
Mises en scène d’une cornemuse. Étude de l’iconographie de la musette durant sa période de jeu (XVIe-XVIIIe siècles).

16h15-1630, Pause : Café / Thé / Douceurs…

16h30-17h : Nicolas ROUZIER (Limoges, Facteur de musettes et soufflets)
Soufflets de musette : présentation, contexte d’utilisation et caractéristiques d’un accessoire incontournable de l’instrument.
17h-17h30 : Vincent ROBIN (doctorant, École Pratique des Hautes Études, Paris)
Les différentes tailles de musettes.

17h30-18h15, Table ronde : Facture et iconographie de la musette, Bilan et perspectives. Avec : Florence Gétreau, Pauline Randonneix, Remy Dubois, Emanuele Marconi, Éric Montbel, Vincent Robin (Animateur), Nicolas Rouzier et Jean-Yves Rauline.

18h15-19 h30 : Rencontres libres avec les facteurs et artisans, autour d’un cocktail de bienvenue

MARDI 28 MAI 2019, 9h00-9h30 : ACCUEIL

    A)    Axe 2, Répertoire (Modérateur : Patrick BLANC,
Académie Supérieure de Musique, Strasbourg)

9h30-10h15 : Amanda BABINGTON (Royal Northern College of Music, Manchester) : What did Bonnie Prince Charlie play on his Musette?
10h15-10h45 : Vincent ROBIN (doctorant EPHE, Paris) Un joueur de musette au milieu du XVIIIe siècle : l’exemple de Simon Charles Boutin (1719-1794).

10h45-11h00, Pause : Café / Thé / Douceurs…

11h00-11h30 : Dominique PARIS Le Répertoire de la musette libre de droits : État des lieux.

11h30-12h15 : Bart VAN TROYEN & Peteryan VANKERCKHOVEN (joueurs de musettes) : Autour du duo de musettes (prestation musicale).

12h30-13h00, Mini-concert :
Un divertissement, une gentillesse, une babiole. La musique pour & par des amateurs. Avec Camille Bréger / Traverso; Lorenzo Cipriani / Clavecin; Merryl Luchart / Musette de cour. Tous trois réunis au sein de “l’Ensemble Chédeville”

Axe 2 (fin), Répertoire (Modératrice : Amanda Babington, Royal Northern
College of Music, Manchester)

14h30-15h15 : Patrick BLANC (Académie Supérieure de Musique, Strasbourg)
La Musette dans les ouvrages scéniques de Lully.

15h15-15h45 : Joann ÉLART (GRHIS, Université de Rouen) La musette des amours : nostalgie dans les romances et les pièces pour piano de la fin de l’Ancien Régime à la Première Guerre mondiale.

15h45-16h, Pause : Café / Thé / Douceurs…

C) Axe 3, Interprétation (Modératrice : Amanda Babington)

16h00-16h30 : Thomas LECONTE (Centre de Musique Baroque, Versailles) : Présence et place de la musette dans les ballets et divertissements de cour au XVIIe siècle

16h30-17h15 : Patrick BLANC (Académie Supérieure de Musique, Strasbourg), Marie-Ange PETIT (percussionniste, ensemble Les Arts Florissants)
Alliages : Musette baroque et percussion.

17h15-18h00, Table ronde : Le répertoire de la musette de cour, entre art élitiste et art populaire. Avec Amanda Babington, Patrick Blanc, Joann Élart, Jean-Paul Combet (animateur), Thomas Leconte, Dominique Paris, Eric Montbel, Vincent Robin.

18h00 -19 h00 : Rencontres libres autours des facteurs et artisans
20h00 : Concert Jacques Hotteterre le Romain : Un concert pour la chambre du roi. Temple Saint-Éloi à Rouen par Les Musiciens de Saint-Julien.

MERCREDI 29 MAI 2019, 9h00-9h30 : ACCUEIL

Axe 3(fin), Interprétation (Modérateur : Mario Armellini, CeRédI, Université de Rouen)

9h30-10h15 : François LAZAREVITCH (Versailles, CRR ; Rouen, Directeur artistique des Musiciens de Saint-Julien) Retrouver le phrasé de la musette baroque – le rôle expressif de l’articulation.
10h30-11h30 : Masterclass, autour de l’articulation (pour musettes, diapason 415hz)
11h30-12h30 : Table ronde, conclusion du colloque : Quelles perspectives pour la recherche ? Quelle place dans le paysage musical ? Avec Amanda Babington, Florence Gétreau, Pauline Randonneix, Patrick Blanc (Animateur), Joann Élart, François Lazarevitch, Jean-Yves Rauline, Vincent Robin, Remy Dubois, Emanuele Marconi,  Eric Elsener, Eric Montbel.

Pause déjeuner (repas sur inscription, 15 €).

14h00-15h30 : Carte blanche aux artisans…
15h30-18h30 : Visite thématique à travers la ville de Rouen : « la ville aux cent musettes ».

19 h 00 : Rendez-vous au pied de la tour St Romain Cathédrale de Rouen : Van Eyck dans le ciel et au jardin avec Musettistes et carillon en duplex.

20h00-23h00 : Bal baroque, Salle des États de Historial Jeanne d’Arc, rue Saint-Romain, Rouen.

Le colloque La musette, un instrument de cour, un instrument tout court est organisé par le CeRÉdI, Université de Rouen. (Jean-Yves Rauline), coordonné par Les Sérénades du Vert Galant (Marie Baudart-Manchon; Eric Elsener; Dominique Paris) et parrainé par Les Musiciens de Saint-Julien (François Lazarevitch)
Avec la participation :
Des universitaires et des chercheurs : Mario Armellini (CeRÉdI, Université de Rouen) ; Amanda Babington (Université de Manchester) ; Patrick Blanc (Académie Supérieure de Musique, Strasbourg); Joann Elart (GRHIS, Université de Rouen); Florence Gétreau (CNRS, Institut de Recherche en Musicologie, Paris) ; Dominique Guillot (Herblay) ; François Lazarevitch CRR Versailles) ; Thomas Leconte (CMBV, Versailles) ; Eric Montbel (Université d’ Aix-Marseille) ; Dominique Paris (Herblay) ; Pauline Randonneix (Ecole du Louvre, Paris) ; Jean-Yves Rauline (CeRÉdI, Université de Rouen) ; Vincent Robin (École Pratique des Hautes Études – EPHE – Paris).
Des facteurs d’instruments et artisans d’art : Christine Donnard ; Rémy Dubois ; Nicolas Rouzier ; Marco Tomassi ; Bart Van Troyen ; Léo Vauclin.
Des musiciens : Patrick Blanc ; François Lazarevitch ; Patrice Latour ; Eric Montbel ; Dominique Paris ; Marie-Ange Petit ; Vincent Robin ; Nicolas Rouzier ; Bart Van Troyen ; Pieterjan Vankerckhoven ;. La classe de musette du CRR de Versailles : (Marie Baudart-Manchon ; Mathias Beauvois ; Clément Lefèvre ; Rémy Palézis). L’ensemble Chédeville : (Camille Bréger ; Lorenzo Cipriani ; Merryl Luchart). Les cornemuses de Galaor : (Marie Baudart-Manchon ; Maxime Bérar ; Tancrède Debétaz ; Jean-Jacques Dufour ; Philippe Tailleux). Les jeunes RMM : (Rose Dehors ; Marc Vervisch ; Manon Voisin). Les Sérénades du Vert Galant : (Marie Baudart-Manchon ; Régis Baudart ; Chloé Chopart ; Tine Devolder ; Fabienne De Voogd ; Christine Donnard ; Françis Donnard ; Eric Elsener ; Dominique Guillot ; Barbara Minondo ; Dominique Paris ; Matthias Pérez ; Christophe Plaquevent ; Christophe Tassel.
De l’Académie Bach : (Jean-Paul Combet)
Du département de musique ancienne du C R R de Versailles Grand Parc (Classe de Musette de François Lazarevitch)
Du musée des instruments à vent de la Couture-Boussey : (Emanuele Marconi)
En partenariat avec :

La Maison de l’Université ; Le Conservatoire à Rayonnement régional de Versailles Grand Parc ; l’Académie de Rouen ; l’Académie Bach ; L’historial Jeanne d’Arc ; L’association Galaor ; Le Festival Curieux Printemps de La ville de Rouen ; L’association des amis de l’orgue du temple St Eloi ; l’association du carillon de la cathédrale de Rouen.

Société française d'ethnomusicologie