appel à contribution pour son numéro 52, sur le thème “Matérialisation, dématérialisation et circulations des musiques du Moyen-Orient, XIXe-XXIe siècles”.

La revue à comité de lecture des Annales Islamologiques lance un appel à contribution pour son numéro 52, sur le thème “Matérialisation, dématérialisation et circulations des musiques du Moyen-Orient, XIXe-XXIe siècles”.

Les propositions d’articles, de 350 mots maximum, devront être envoyées avant le 28 février 2018 aux adresses suivantes : sevgabry@gmail.com et fredlag@noos.fr. Les articles sont ensuite attendus pour le 1er juillet 2018 et n’excèderont pas 55 000 signes.

 

Matérialisation, dématérialisation et circulations des musiques du Moyen-Orient

xixe-xxie siècles

Coordination : Séverine Gabry-Thienpont et Frédéric Lagrange

Désormais centrale dans le paysage musical du monde arabe, la question de la patrimonialisation des musiques touche tous les répertoires et prend des formes très diverses. La question de leur matérialité se pose donc. Confrontée à l’évolution des moyens techniques et technologiques, des premiers cylindres phonographiques au format MP4, des instruments acoustiques à l’orgue électrique des années 1970 ou l’autotune des scènes électro contemporaines, les musiques du monde arabe ont pris dès le tournant du XXe siècle différents chemins en pleine concordance avec leur contexte technique et technologique. Aujourd’hui, certaines musiques se vivent pleinement lors de festivités publiques ou privées, festivals ou mahragān, manifestations religieuses, « traditions » réinventées ou repensées au gré des modes, ou compositions associées à des courants musicaux émergents et à des expériences sensorielles repoussant les effets esthétiques de la sonorisation. Parallèlement, des expressions musicales sombrent dans l’oubli : disques 78 tours mais aussi bandes magnétiques voire cassette désuètes jonchent les étagères poussiéreuses de studio tombés en déshérence. D’autres encore inondent la toile, ouvrant la voie à ce que Pierre France a récemment nommé dans un journal grand public une « patrimonialisation sauvage » des musiques. Mais en 2017, plus aucune d’entre elles n’est éphémère : absolument toutes sont enregistrées, filmées, postées en ligne. Les musiques se diffusent avec ou sans contrôle, avec ou sans profit, bien au-delà des frontières moyen-orientales.

Les musiques du monde arabe sont ainsi soumises tant à des processus de patrimonialisation qu’à des dynamiques politiques et économiques propres à la région renforçant leur dématérialisation. Ces processus en redessinent les contours, le langage et, plus largement, les formes d’expression et leur esthétisation.

L’objectif de ce numéro des Annales Islamologiques sera de mettre l’accent sur les compositions enregistrées, sur les créations musicales et sur la patrimonialisation des répertoires – à travers l’accès aux archives publiques ou privées – qui jalonnent l’histoire des musiques au Moyen-Orient tout au long du XXe siècle. Nous considérerons la manière dont la matérialisation et la subséquente dématérialisation des musiques, tant dans leur composition que dans leur patrimonialisation, impactent la production, la circulation, l’écoute et l’esthétique des productions aussi bien anciennes que contemporaines. Le développement du numérique et les circulations qu’il engendre entraînent de nouvelles formes d’expression musicale : en considérer les ressorts permettra de rendre compte de la façon dont les différents supports de la musique ont, en partie, conduit à modeler cette histoire. La diversité des enregistrements de la deuxième moitié du XXe siècle jusqu’à nos jours, trop méconnue, sera également abordée.

Ce numéro des AnIsl recevra les contributions de musicologues, ethnomusicologues, anthropologues et historiens pour investir cette réflexion. Nous privilégierons les études de cas qui proposeront une double perspective : l’analyse des processus à l’œuvre autour de la création et de la patrimonialisation des musiques du monde arabe ; la documentation des diverses entreprises locales de compositions (techniques sonores, matérialité des musiques, sources d’inspiration) et de constitution d’archives musicales, tant privées et publiques, qui ont vu et voient encore le jour au Moyen Orient.

Société française d'ethnomusicologie