Monique Brandily (24/10/1921-22/08/2022)- portrait par Marie-Barbara Le Gonidec

Monique Brandily (24 octobre 1921 – 22 août 2022)
Crédits photographiques : Yves-Eric Brandily

Nous avons la grande tristesse de vous annoncer le décès de Monique Brandily, survenu chez elle à Paris, entourée de ses proches, dans la nuit du 22 août.

Née à Paris d’une mère française et d’un père suédois, Monique de Trolle commence toute jeune des études de piano, de chant, de danse, puis de mime, mais aussi, plus « sérieusement » car il faut bien rassurer les parents… de droit et de commerce qui l’ennuieront beaucoup.

Avec deux amies,elle forme un trio de chant avec lequel elle effectue de nombreuses tournées. A l’occasion d’un concert qui amène les jeunes femmes en Suisse, elle rencontre Max-Yves Brandily qui deviendra son mari.

Photographe et vidéaste naturaliste d’origine bretonne, elle voyage avec lui en tant qu’assistante et c’est au cours d’une mission qu’ils effectuent au Tchad en 1957, qu’elle découvre les musiques traditionnelles de la région du Kanem. Elle aura l’occasion de réaliser plusieurs films avec son mari, dont un consacré à deux instruments tchadiens.

De formation classique mais passionnée par les musiques dites traditionnelles (le trio interprète notamment les chansons collectées et harmonisées par Canteloube), elle décide alors de se former à l’ethnologie et suit l’enseignement dispensée par André Leroi-Gourhan au Musée de l’Homme, puis au début des années 1960, le séminaire de C. Marcel-Dubois au Musée national des arts et traditions populaires où elle aura plusieurs fois l’occasion de présenter ses recherches.

Intégrée, en 1961, à l’expédition belge au Tibesti (Tchad) organisée par le Musée Royal de l’Afrique Centrale de Tervuren, elle procède à des enregistrements et à des collectes d’objets ethnographiques pour le musée, matériau à la base duquel elle rédigera une thèse sous la direction de C. Marcel-Dubois et J. Tubiana. Intitulé «Instruments de musique et musiciens instrumentistes chez les Teda du Tibesti», ce travail est publié en 1974 par le musée de Tervuren. A cette époque, Monique Brandily est déjà une chercheuse patentée : elle a en effet intégré en 1966, le«Laboratoire d’ethnomusicologie», unité du CNRS nouvellement créé au Musée de l’Homme par Gilbert Rouget où elle poursuivra toute sa carrière.

D’une ouverture d’esprit, d’une finesse et d’une sagesse remarquables doublées d’une mémoire incroyable que Monique n’a jamais perdue, nous n’oublierons pas sa gentillesse, son accueil et son courage face aux difficultés de la vie qui ne l’ont pas épargnée. Parmi celles-ci, l’incendie récent de son appartement dans lequel elle a vu partir en fumée la totalité de ses archives écrites et photographiques. Ses enregistrements ont heureusement été préservés et sont tous, à ce jour, numérisés. Ils sont conservés par le CREM (fonds Monique Brandily) et par les Archives nationales, institution à laquelle elle venait de verser ce qu’elle avait eu l’occasion de collecter dans le domaine français, parmi lesquels des enregistrements effectués en Bretagne, une région qu’elle affectionnait.

Marie-Barbara Le Gonidec

 

A lire, à écouter :

– Miriam Rovsing Olsen et Monique Brandily, «Une longue expérience de l’Afrique», Cahiers d’ethnomusicologie [En ligne], 21 | 2008, mis en ligne le 17 janvier 2012. URL : http://ethnomusicologie.revues.org/1285.

–  «Monique, Afrique, Magnétique» et « L’enregistreuse », documentaires réalisés avec la complicité de Monique Brandily par Guillaume Loiret pour Radio France et la RTBF.

 

Société française d'ethnomusicologie