Publication de la thèse de Dariush Zarbafian
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Résumé:
La présente recherche a pour but d’étudier l’ensemble du répertoire de la musique savante iranienne appelé radif. Elle propose une nouvelle classification des modes de cette musique, considérant que, pendant l’ère moderne de la musique iranienne, l’influence de la théorie de la musique occidentale d’une part, et une articulation faussée entre la théorie et la pratique de cette musique d’autre part, ont conduit à une classification arbitraire des modes iraniens.
En effet, au cours de leur histoire, ces systèmes – par ailleurs très anciens -, ont subi des altérations majeures qui en ont occulté la cohérence initiale. En tant que musicien praticien et originaire de l’Iran, nous avons été confronté à bon nombre d’incohérences dans nos multiples tentatives de d’appréhension globale du système modal iranien ; les explications théoriques existantes n’ont jamais pu satisfaire totalement notre curiosité.
Dans cette thèse, nous avons – humblement – cherché à dénoncer les faux semblants. Nous avons engagé une démarche scientifique, afin d’essayer de mettre en évidence une classification plus simple et plus cohérente.
Notre position, entre émique et étique, place notre recherche au centre d’un double échange, en partageant les deux approches, tant occidentale qu’iranienne – ce que nous appelons le “partage temporel du savoir”.
L’originalité de notre démarche est, qu’au lieu d’accepter tel quel l’héritage que nous avons reçu, nous avons essayé de fonder notre travail sur des aspects plus structurels et techniques, en empruntant nos méthodes à Simha Arom. En effet, après nous être demandé s’il fallait traiter de ces musiques iraniennes dans le domaine exclusivement ethnomusicologique ou bien musicologique, il nous a paru évident que nos travaux, qui sont avant tout dirigés vers les aspects structurels et techniques et utilisent des méthodes d’analyse plus proches de celles de la musicologie, se positionnent plutôt dans le domaine de la musicologie – la dimension ethnologique n’étant pas abordée dans cette étude.
Le premier chapitre aborde l’aspect historique et l’origine du radif, les modalités de sa transmission, et situe nos démarches dans l’actuel panorama scientifique.
Le deuxième chapitre est consacré à la définition des termes et des notions utilisées dans cette musique telles que radif, dastgâh (mode), goucheh (les pièces mélodies) et des éléments qui les composent. Sont également étudiées les formes utilisées et l’existence du quart de ton.
Dans le troisième chapitre, nous redéfinissons certains termes et notions tels que les notes pivots, les intervalles pour pouvoir analyser les systèmes modaux – les dastgâh.
Dans le quatrième chapitre, nous analysons l’ensemble des dastgâh, les ambitus des goucheh, les échelles et les goucheh représentatifs de chaque dastgâh.
Les résultats de nos investigations et de nos recherches, en particulier les dix-neuf échelles extraites sont présentées dans le cinquième chapitre.
Dans le dernier chapitre indépendant des autres chapitres, nous abordons la notion de rythme (ancienne et moderne), ses règles fondamentales et aussi la corrélation entre le rythme, la poésie et le chant.
Enfin, la conclusion montre comment, en simplifiant et en rendant plus cohérente la théorie modale et rythmique de la musique savante iranienne, cette thèse ouvre de nouvelles perspectives de jeu, d’interprétation et de création, tout en restant fidèle au devoir de transmission fixé par la tradition.